Dans les livres

Il était une fois, ou il était toujours, une bibliothèque qui rassemblait tous les livres d’histoires qui existaient. Dans cette bibliothèque, même les bibliothécaires racontaient des histoires.

L’une de ces histoires était celle des livres sans fin. Ou plutôt, des livres qui changeaient de fin.

On racontait que certains livres n’avaient jamais été terminés. Mais comme la grande bibliothèque regroupe tous les livres ayant existé, ceux-ci étaient également présents sur les étagères. Seulement, tout le monde sait que les livres ont une vie propre. Les livres qui ne sont pas terminés également.

Alors, dans cette bibliothèque, lorsque l’on ouvre un livre qui n’a pas de fin, certains font de leur mieux pour proposer au lecteur une fin qui lui convient. Ainsi, chaque personne ayant lu ces livres ont lu une fin différente des autres.

Cependant, tout le monde sait que les livres ont leurs propres caractères. Certains sont gentils, d’autres doux. Certains sont malicieux et font des blagues. D’autres encore, ont un très mauvais caractère et n’aiment pas être dérangés.

Parmi ces derniers, il existe un livre plus sombre que les autres.

Recouvert d’une couverture noire en cuir vieilli par le temps, il ne présente aucun titre, aucun auteur. On raconte que la première fois que l’on ouvre ce livre, toutes les pages sont blanches, comme s’il n’avait même pas été commencé. Mais très vite, les pages se noircissent d’encre sous les yeux du lecteur.

Lorsque le lecteur commence à parcourir l’histoire, il réalise que le livre décrit sa vie, dans les moindres détails. Si le lecteur va jusqu’à la fin du livre, il pourra alors lire en détail le récit de sa propre mort.

On raconte que les personnes ayant lu ce livre n’ont pas pu supporter de connaître le déroulé entier de leur vie. Savoir quand et comment ils allaient mourir les rendaient fous.

On raconte également que, contrairement aux autres livres non terminés, cet ouvrage proposait une fin similaire à tous les lecteurs :

“Rendu fou de douleur par la perspective de sa fin proche annoncée, le cœur du lecteur s’arrêta, épuisé.”

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