Elle savait que ce n’était pas magique. Elle continuait pourtant ses rituels, comme pour se rassurer. La disposition des pierres, l’allumage des bougies, la fumée de sauge dans l’espace, comme des sortes de doudous nostalgiques. On lui avait raconté qu’elle descendait d’une longue lignée de sorcières. Sa mamie lui avait appris à placer des pierres dites magiques en cercle, quelles étaient les bonnes couleurs de bougies à allumer pour jeter des sorts et á répandre la fumée de sauge partout dans la maison parce qu’il parait que ca protège des mauvaises ondes. Sa maman, au contraire, lui avait expliqué que les sorcières n’existaient pas. Elle lui avait aussi dit que la magie n’existait pas et qu’il n’était pas possible de lancer des sorts.

Comme elle n’avait pas réussi à lancer de sort elle-même depuis tout ce temps, elle se disait que sa maman avait raison.

Mais tout de même, elle continuait à faire tous les petits rituels que lui avait appris sa mamie, parce que ça lui plaisait.

Ce jour-là, elle plaça, comme à son habitude, les pierres et les cristaux en cercle. Ensuite elle alluma quelques bougies et se plaça au milieu du cercle pour méditer. Tout se passait comme d’habitude (c’est-à-dire qu’il ne se passait rien en fait) quand elle commença à sentir un courant d’air dans son dos. Comme elle commençait à avoir froid, elle sortit de sa méditation et se leva pour fermer la fenêtre. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle se rendit compte qu’aucune fenêtre n’était ouverte ! Mais d’où venait ce courant d’air ? Elle retourna dans le cercle et se rassit. Au bout de quelques minutes, un nouveau courant d’air se fit sentir. Cette fois, il était si fort qu’il souffla les bougies. Elle avait beau se retourner dans tous les sens, impossible de trouver d’où cela venait. Elle ralluma les bougies et prononça quelques mots de protection que sa mamie lui avait appris.

Un nouveau souffle froid, encore plus froid que les précédents, souffla sur elle et en direction des bougies. Cette fois-ci, elle répéta les mots de protection plus fort et les bougies ne s’éteignirent pas.

Comme si elle avait énervé ce qui soufflait, le vent se fit de plus en plus violent. Elle répéta les mots encore plus fort. Elle était debout maintenant, les bras vers le ciel, appelant les sorcières parmi ses ancêtres à l’aide comme on lui avait appris. Soudain, au dessus de chaque pierre apparut une silhouette de femme. Ces femmes se tenaient toutes la main et la protégeaient du vent, devenu déchaîné. Les meubles autour d’elle s’envolaient, incapables de rester en place au vu de la force du souffle, mais elle n’était pas touchée, protégée par le cercle de femmes autour d’elle.

Un visage menaçant apparut dans le vent glacé. Alors qu’elle se préparait à l’affronter, le cercle de femmes grandit et s’illumina. Le visage menaçant laissa s’échapper un cri de douleur dès qu’il fut touché par cette lumière.  Elle répéta les mots magiques encore une fois, en direction du vent. 

Le visage se tordit de douleur et disparut dans un nuage de fumée.

Lorsqu’elle regarda soulagée le cercle de femmes autour d’elle, elles lui sourirent, avant de disparaître dans un halo de lumière.

Elle ne sut jamais ce qui l’avait attaquée.

Ce qu’elle savait désormais par contre, c’était que les sorcières existaient. Et elle savait qu’elles seraient toujours là pour la protéger.