Lorsque l’on est très triste, on dit que notre cœur se brise. Mais cela vaut quand la tristesse arrive d’un coup brusque, soudain, et frappe notre cœur. Que se passe t’il quand la tristesse arrive peu à peu ? Que se passe t’il quand la mélancolie s’insinue tout doucement en nous, à chaque fois que l’on respire ? 

Dans les temps anciens, on racontait l’histoire des souffleurs de poussière.

Cette histoire raconte que parfois, certaines personnes rejettent de la poussière dans leur souffle. Les premiers temps, on ne le remarque presque pas. Il y a juste quelques grains de poussière qui volent devant soi, par-ci, par-là. Mais le souffle commence à devenir de plus en plus opaque. Bientôt, la moindre des respirations rejette une épaisse volute de poussière grise. Et un jour, souffler de la poussière devient trop fatiguant pour que l’on puisse même marcher.

Peu de temps après, les souffleurs de poussière s’endorment et ne se réveillent pas.

De nombreux savants des temps anciens ont voulu étudier le phénomène, le comprendre. Ils n’ont pas été capables de percer tous les mystères. Mais ils ont découvert une chose : la poussière s’échappait en réalité du cœur des personnes touchées.

Un jour, la tristesse touche ces gens. Petit à petit, s’ils n’ont pas un peu de bonheur pour compenser, leur cœur commence à sécher et à se durcir. Et si cela dure trop longtemps, le cœur commence à s’effriter.

Tout doucement, dans la poitrine, le cœur devient poussière.

Tout doucement, cette poussière s’échappe dans le souffle. Et lorsque le dernier grain de poussière sort de la poitrine, alors les gens s’endorment. 

C’est ce qu’on raconte.

Parfois le cœur ne se brise pas, il s’effrite.